Fraude au Président Enquête – Pour une entreprise, même petite ou moyenne, se trouver confrontée à une tentative de fraude n’est aujourd’hui plus une question d’éventualité, mais de simple échéance. Une lutte efficace passe par la sensibilisation, la réflexion sur les processus de décision… et l’adoption d’un mode de management approprié.
Pour une entreprise, même petite ou moyenne, se trouver confrontée à une tentative de fraude n’est aujourd’hui plus une question d’éventualité, mais de simple échéance. Une lutte efficace passe par la sensibilisation, la réflexion sur les processus de décision… et l’adoption d’un mode de management approprié.
Fraude au Président enquête – L’explosion des fraudes aux entreprises
Le FBI a publié au printemps une enquête alarmante, parlant d’un « accroissement spectaculaire des fraudes au président, qui aurait coûté 2,3 milliards de dollars aux entreprises entre octobre 2013 et février 2016. Une estimation qui se base sur les plaintes reçues dans 79 pays, émanant de 17 462 entreprises de toutes tailles.
Le scénario est désormais connu. Le vendredi soir, un comptable isolé reçoit un message comminatoire de son président, lui enjoignant d’effectuer un virement sans délai. Il peut s’agir d’une affaire commerciale qui se décide au dernier moment et pour laquelle une somme doit être versée sans tarder à un intermédiaire. Ou d’une facture en souffrance à acquitter. Ou du rachat d’une entreprise étrangère pour lequel il faut verser un acompte afin de bloquer l’accord. Tout est toujours aussi urgent que hautement confidentiel…
La crédulité du comptable qui obéirait sans précautions est-elle aussi inconcevable qu’il y paraît ?
La peur du patron est l’alliée des fraudeurs
Voire. Car comme l’explique sur un blog spécialisé Frédéric Laura, psychologue du travail installé en région parisienne, la question concerne aussi, et peut-être surtout, l’encadrement. Dans sa pratique, le thérapeute a pu observer des constantes dans les cas de fraude au président réussie. Les entreprises victimes se caractérisent très souvent par l’autoritarisme de leurs dirigeants. A commencer par celui du Big Boss lui-même.
Comment dire non ?
Dans les cas où l’escroquerie réussit, la hiérarchie est souvent très éloignée de salariés, au point d’en être invisible et inconnue. C’est la brèche dans laquelle va s’engouffrer le malfaiteur : comment dire non, ou même discuter l’ordre de quelqu’un que l’on ne connait pas mais qui représente un pouvoir suprême, « quasiment mythique » ? Pour y parvenir, l’escroc se documente en amont sur les réseaux sociaux, en détaillant les organigrammes. Par cette ingénierie sociale, il apprend à connaître sa future victime. Il y trouve aussi des éléments lui permettant d’endosser la personnalité d’un dirigeant nouvellement arrivé, où d’incarner le manager d’une entité venant d’intégrer le groupe. Des personnages avec lequel le collaborateur de base hésitera à débuter une relation par un refus d’obtempérer…
Fraude au Président enquête – Partager l’expérience et les erreurs
Quand le mal est fait, explique Frédéric Laura, trop d’entreprises se focalisent sur la « faute » du collaborateur, allant jusqu’à le harceler pour qu’il s’explique, quelquefois pendant des mois. Une autocritique qui rappelle les techniques des maoïstes chinois pendant la révolution culturelle… Mais qui passe à côté des vraies questions.
L’incapacité à partager une expérience négative est particulièrement dommageable. Par exemple, en matière de sécurité informatique, les occasions d’échanger avec ses collaborateurs à propos de tentatives (avortées ou non) d’intrusion d’escrocs sont autant d’opportunités manquées d’élever leur niveau de vigilance.
Pour une entreprise, se trouver confrontée à une tentative de fraude s’apparente aujourd’hui à une certitude. Ce n’est que par une réflexion sur les processus de décision qu’elle peut tenter de se protéger des conséquences.
Maintenir l’entreprise en alerte
La Police Nationale propose ses recommandations pour contrer les tentatives de fraude au président :
- Rappeler à l’ensemble des collaborateurs la nécessité d’un usage prudent des réseaux sociaux privés et professionnels, et notamment de ne pas y divulguer d’informations concernant le fonctionnement de l’entreprise ;
- Sensibiliser régulièrement l’ensemble des employés des services comptables, trésorerie, secrétariats, standards – remplaçants compris – à ce type d’escroquerie ;
- Instaurer des procédures de vérifications et de signatures multiples, surtout pour les paiements internationaux ;
- Rompre la chaîne des mails pour les courriers se rapportant à des virements internationaux en saisissant soi-même l’adresse du donneur d’ordre ;
- Accentuer la vigilance sur les périodes de congés scolaires, les jours fériés et les jours de paiement des loyers.
Instaurer un climat de confiance
Confiance et vigilance font-elles bon ménage ? Absolument. Si un bon niveau de confiance existe entre la cible de l’escroc et son supérieur direct, par exemple, elle pourra plus facilement lui faire part de ses doutes. Si le dirigeant entretient des relations de bienveillance, on n’hésitera pas à l’appeler pour vérifier directement auprès de lui la véracité de sa demande. Dans le cas contraire, l’escroc aura une autoroute devant lui.